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dimanche 3 octobre 2021

Introduction

 Blog en cours d'élaboration et développement

Traducteur

 

TRADUIRE DES MATHÉMATIQUES « POUR ET PAR DES ÉLÈVES »  DANS LA PREMIÈRE MOITIÉ DU  XIXE SIÈCLE : Acteurs et pratiques de traduction à  travers trois cas d’étude en Europe et  aux États-Unis

K CHATZIS, Th MOREL , Th PREVERAUD et  N VERDIER 

De l’étude des traductions parues dans le Journal de Liouville ressort comme figure centrale Jules Guillaume Houël (1823-1886) 78. Après une thèse Vol. 9, n° 1 | Automne 2017  « Le traducteur et ses lecteurs » 19  soutenue en 1855 à la Sorbonne, cet ancien élève de l’École normale se consacre à la traduction pendant plusieurs années, chez lui, près de Caen. Traducteur du célèbre mathématicien allemand Johann Peter Gustav Lejeune-Dirichlet (1805-1859), avec qui Liouville a entretenu une amitié et une forte collaboration mathématique, il traduit aussi d’autres auteurs allemands, comme Ernst Eduard Kummer (1810-1893). Houël est aujourd’hui connu pour son rôle considérable de passeur et traducteur des textes précurseurs de la géométrie non euclidienne, signés par János Bolyai (1802-1860) ou Nikolaï Ivanovitch Lobatchevski (1792-1856). Notons que certaines de ses traductions ont suscité de fortes réticences. Ainsi, en 1860, Liouville refuse de publier dans son Journal une traduction de Houël concernant les recherches arithmétiques de Riemann sur la répartition des nombres premiers, traduction que le normalien français avait cosignée avec son collègue Victor-Amédée Lebesgue (1791-1875) 79. L’auteur sera obligé de passer par des journaux italiens, puis par les Mémoires de la société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux, avant de pouvoir finalement éditer ses contributions à Paris même.  Si Houël est le traducteur attitré de Lejeune-Dirichlet, d’autres auteurs non français bénéficient de l’action de plusieurs traducteurs différents. 


  1. [78]

    Pour des informations sur Houël, nous renvoyons à Norbert Verdier, « Le Journal de Liouville et la presse de son temps : Hériter, transmettre et faire circuler des mathématiques au xixe siècle (1824-1885) », XVIIIe colloque Inter-Irem d’histoire et épistémologie des mathématiques, Caen, IREM de Caen, 2011, pp. 255-278. Voir également Philippe Nabonnand et Philippe Henry (dir.) Conversations avec Jules Hoüel. Regards sur la géométrie non-euclidienne et l’analyse infinitésimal vers 1875, « Publications des Archives Henri Poincaré », série « Science autour de 1900 », Basel, Birkhaüser, 2017. Notons que François Plantade termine actuellement une thèse sur Houël : « Jules Houël : circulation et diffusion des sciences mathématiques et astronomiques en Europe pour la science et pour la France », thèse de doctorat, Nantes, Université Nantes Angers Le Mans (en cours).


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  1. [79]

    La caractérisation et la répartition des nombres premiers : 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17 …, autrement dit des nombres qui n’admettent que deux diviseurs (1 et eux-mêmes), est une question centrale des mathématiques; voir Bruno Duchesne, « Deux grandes avancées autour des nombres premiers » : http://images.math.cnrs.fr/Deux-grandes-avancees-autour-des-nombres-premiers.html (consulté le 28 septembre 2017). À la fin du xixe siècle, plusieurs mathématiciens, comme Hermann von Mangold (1895-1953), ont contesté les affirmations de Riemann et sont à l’origine de la fameuse « conjecture de Riemann ».